Plus on est de fou, plus on rit !

Musique~

Aujourd'hui était un jour comme les autres. Habillée en robe blanche avec un maquillage gothique, Vala avait l'arrière train vissé sur son beau canapé et regardait la télé d'un air abruti. Dans sa main droite elle tenait un paquet de pop-corn et sa main droite faisait des allers-retours entre sa bouche et le paquet pour qu'elle puisse se remplir l'estomac de pop-corn. La jeune femme regardait un film sur les amérindiens. Une histoire de cowboy du point de vu des indiens. Il y avait aussi de la sorcellerie qui faisait intervenir des esprits de la nature et autres bêtises.

Une scène inspira tout particulièrement la directrice d'entreprise : au bout d'un moment le héros, un indien dans la vingtaine, se mit en tête de dompter l'esprit cheval. Vala s'arrêta de manger son popcorn et fixa son écran d'un air pensif, de la nourriture plein la bouche et des miettes partout. Comme hypnotisée, elle regarda l'indien et le cheval se tourner autour en une espèce de danse sauvage. Une danse rythmée par une musique composée uniquement d'instruments à partition et de chants indiens. La jeune femme avala sa bouchée, les yeux écarquillés. Elle venait d'avoir une illumination.

Ni une ni deux, sans même regarder la fin du film, Vala se leva de son canapé en cuir et couru à sa salle de bain. Au passage elle fit tomber le paquet de pop-corn mais c'est à peine si elle le remarqua. C'est que "Madame" se préoccupé guère de ce genre de détail. En effet, elle avait un majordome et des domestiques pour nettoyer ses cochonneries, alors pourquoi s'embêter ? Mh ? Quoi ? Le respect d'autrui ? C'quoi c'truc-là ? Enfin, bref. La blonde alla se changer pour une tenue entièrement noire et bien plus gothique. Avec, notamment, un pantalon moulant et un T-shirt avec une tête de mort punk dessus.

Tout ça pour quoi faire ? … Pour aller aux écuries. Mais pas n'importe quelles écuries ! Ses écuries ! Un hectare de champs, un box de vingt-cinq mètres carrés, une grange rebâtie pour y entreposer tout le matériel nécessaire pour faire de l'équitation et un grand hall sablé juste pour pouvoir faire de l'équitation. En revanche il n'y avait qu'un seul cheval dans les écuries de Mademoiselle Bane. Une bête très agressive qui ne se laissait approcher que par son majordome. Vala l'avait nommé Daemon.

Musique~

En se rendant au box de Daemon, la jeune femme traversa son manoir puis se rendit à pied jusqu'aux écuries. Au passage elle croisa quelques domestiques et ceux-ci furent très surpris de la voir. En fait… c'était la première fois qu'ils la voyaient. D'habitude ils avaient affaire à Micheal Balvest, son majordome et bras droit. Vala du même une ou deux fois prouver son identité, ce qui la mit en rogne… Il y eu quelques virés. Mais passons ! Enfin arrivée devant le box, la blonde regarda Daemon et celui-ci la foudroya du regard.

- …

Vala offrit son plus beau sourire à l'animal et celui-ci hennit tout bas d'un air menaçant. Oh mais ! Quelle bête je fais ! J'ai oublié de vous dire qu'elle avait été son idée de génie ! – Hum, non, en fait ce n'est pas un oubli. Son idée était de devenir amie avec Daemon. Il était agressif et peu réceptif, un peu comme tous les autres personnes de cette planète. Elle avait décidé ça pour se préparer au monde extérieur. Bon, bien évidemment il y a une sacrée différence entre un cheval agressif et une personne normale… Et Vala le savait.

La jeune femme se sentit bête à faire un combat de regard avec un cheval et se racla la gorge. Un domestique passa par-là juste au moment où elle s'apprêtait à faire causette avec l'animal. Le domestique la regarda bizarrement avant de s'éclipser en silence. Vala se sentit encore plus stupide. Mais tant pis ! Si elle arrivait à dompter ce démon de cheval alors elle pourrait affronter le monde extérieur sans peur aucune ! Alors autant prendre son courage à deux mains et y aller franchement, quitte à paraître très ridicule !

- Salutation !... cheval…! fit-elle d'un air à la fois théâtral et peu convaincu. Hum… Tu dois te demander ce que je fais là, n'est-ce pas ?... Eh bien moi aussi… Ahem ! Il parait que les animaux ne sont pas aussi bêtes qu'ils en ont l'air. Alors voilà ce qu'on va faire. Je vais ouvrir cette porte et tu n'essayeras pas de me tuer, d'accord ? En échange tu auras… Euh…

Vala regarda autour d'elle en se demandant ce qu'un cheval pouvait bien vouloir dans la vie. Pendant ce temps Daemon continuait de la fixer d'un air méchant. Il restait immobile et silencieux, comme s'il n'attendait qu'un signe de la part de la jeune femme pour exploser de rage. La blonde fit une moue déconfite. Non seulement elle était ridicule mais en plus cette histoire ne menait à rien. La gothique haussa excessivement les sourcils, faisant une tête étrange et stupide pour exprimer son manque d'idée.

- Bah, peu importe ! finit-elle pas dire avec un haussement d'épaules.

Musique~

La directrice ouvrit la porte du box avec mille précautions. Elle veilla à ne faire aucuns gestes brusques et à ne pas se trouver entre le cheval et la sortie. Sa réputation de "piétineur" n'était plus à refaire. Mais non, l'étalon noir préféra rester là où était et continua de la fixer de son regard ténébreux. Vala prit ça comme une victoire. Génial, il était calme ! Tout sourire et plutôt fière d'elle, la jeune femme s'approcha de l'animal.

- Ohh~! C'est gentil de me laisser faire. T'es trop bon, hihihi ! Al-

Vala ne finit jamais sa phrase. Avec un hennissement à vous percer les tympans Daemon s'était jeté sur la femme. Cette dernière avait évité la charge mortelle de peu en se jetant sur le côté. Et bien évidemment il avait attendu qu'elle soit entre lui et la sortie, le corniaud ! L'étalon partit au galop vers l'extérieur. La blonde tourna la tête vers le fuyard, le cœur battant à mille à l'heure. Sans aucune raison, elle se mit à rire tout en le regardant galoper vers la liberté.

- Hahaha ! Pas bête la bête ! Il a attendu pile que je sois devant lui pour m'attaquer ! Hahaha ! … N'empêche, il est pas commode… Hihihi, il est cool !

Reprenant son sérieux, la directrice de "Wawal's Dragon" partit en courant à la poursuite de l'animal fou. Mais c'était peine perdu : comment voulez-vous rattraper un cheval quand on est à pied. L'étalon la laissa bouche bée lorsqu'il sauta la barrière qui entourait le près. Ah ben mince alors ! Changement de direction ! Vala se rendit vers son garage cette fois-ci. Elle ordonna qu'on lui amène les chefs de sa moto fétiche en moins d'une minute sinon elle virait tout le monde. Ses ordres furent exécutés en temps et en heure, et on lui apporta même un casque gothique en supplément.
Le casque :
Juchée sur son cheval de fer, une belle kawasaki noir avec quelques touches de rouge, un achat très récent, et sans respecter les limitations de vitesse, Vala partit à la poursuite de l'étalon fou. Ce danger sur sabot risquait de blesser quelqu'un et elle n'avait pas envie de débourser le moindre centime parce qu'elle avait ouvert une porte de box… Mais voilà, la jeune femme avait mis trop de temps et avait perdu de vu l'animal en furie. R'ah ! Mais où pouvait-il bien être passé ? En plus de ça la blonde se perdit. Heureusement qu'elle n'était pas Batman parce que bonjour le superhéros sans le sens de l'orientation…
La kawasaki :
Après avoir demandé son chemin à un piéton, la gothique finit enfin par retrouver le cheval. Celui-ci avait décidé de s'attaquer à une bande de gosses qui revenaient d'une sortie à la bibliothèque. Ouille-ouille-ouille ! Voilà qui n'augurait rien de bon ! Il fallait que ces gamins s'en aillent et vite-fait bien fait car il n'y avait rien de pire que des parents en deuil de leur enfant. Vala gara sa moto en vitesse et y accrocha son casque. Elle laissa les clefs sur le contact, à la portée de n'importe quel voleur puis retourna vers Daemon et les enfants. Un peu stressée à l'idée de devoir débourser de l'argent, la blonde se demanda quel genre de dégâts avait bien pu faire l'animal le temps qu'elle se gare à l'arrachée, c'est-à-dire en une trentaine de seconde.

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Encore une journée de plus dans ce monde, ou plutôt dans cette ville où l'on ne manque jamais de s'ennuyer. Peut-être qu'il y eut un peu d'action lorsque la Sauveuse arriva en ville, il y a maintenant de cela plusieurs mois, mais maintenant ? Tout ça pour dire qu'en ce jour funeste, ou pas, notre cher chapelier n'a pas vraiment la tête à plaisanter ni à vouloir ramasser des pâquerettes. Se rendant bien trop compte de son triste sors, il s'autorisa à faire une bonne grasse matinée. Et une bonne ! Une façon comme une autre de passer le temps et de rattraper un sommeil qu'il a beaucoup de mal à trouver chaque nuit. Ne pensant qu'à sa fille, à sa vie passée, aux mauvaises décisions qu'il a pu prendre durant toute sa pitoyable existence... Oui ce n'est pas bien de se morfondre et de déprimer de la sorte, mais difficile de faire autrement quand on a cerveau en continuelle surchauffe comme celui de Jeff. M'enfin, comme bien souvent, ce petit coup de blues passera bien vite une fois qu'il ira voir sa fille tout à l'heure à la sortie du bus. Enfin, il la verrait à distance, bien sûr, mais rien que le fait de pouvoir l'observer et de voir qu'elle va bien et qu'elle est épanouie suffit à le combler. Même s'il préfèrerait largement avoir la possibilité de la serrer dans ses bras et vivre chaque jour à ses côtés... C'est donc un innocent et tout petit rayon de soleil qui réveilla le jeune père et qui commença même presque à lui brûler une partie de la joue gauche. Il ignorait quelle heure il pouvait bien être, mais il devait se donner au plus vite un bon coup de pied au derrière. Seul dans son immense manoir, Jeff déambula dans le long couloir qui sépare sa chambre de la cage d'escalier et de la cuisine, dans laquelle il se prépara une bonne tasse de thé. Chose primordiale et hyper importante pour lui avant de commencer toute journée. C'était comme une sorte de rituel. Il était d'ailleurs particulièrement bien réputé dans cette ville pour être le maître de ce doux et délicieux breuvage parfumé. Seul le thé, était capable de le remettre d'appoint en un instant, tout en lui apportant tout le baume au cœur nécessaire pour la journée. De plus, il n'y avait personne d'autre capable de le préparer aussi bien que lui. Tout du moins, pour le moment...

Le temps que l'eau chauffe, il se donna deux bonnes tapes sur les joues histoires de se réveille et se remettre d'aplomb. Il n'aimait pas être dans cet état et allait vite arranger ça. Oui, son humeur pouvait être aussi changeante que son appétit. Une fois le tout bien préparé et bien en place, Jeff s'offrit un somptueux et luxueux petit déjeuner-déjeuner à lui tout seul, rien que pour lui... une vraie vie de pacha en fin de compte. Mais qu'il aimerait tout de même bien partager. C'est seulement une fois le ventre bien garnis, qu'il alla se préparer comme il se doit. Incarnant un style vestimentaire bien à lui et une coiffure tout aussi originale et déjanté qu'il pouvait l'être. Fin prêt, il attrapa sa montre à gousset déposé sur une des commodes de sa chambre et se souvint qu'à cette heure, sa fille devait certainement être à la bibliothèque avec les autres élèves de sa classe. Jeff ne perdit pas à un instant et quitta son charmant manoir pour prendre la direction du centre ville et plus précisément la bibliothèque. Un endroit où il ne se rend pas uniquement pour y voir sa fille, mais aussi parce qu'il reste un mordu de lecture. Il arriva à destination après quelques petites minutes de voiture, qu'il gara juste en face du bâtiment en question. Restant assis à l'intérieur, il fixa la porte de la bibliothèque avec attention, attendant impatiemment que sa fille en sorte. Ce qu'elle ne tarda pas à faire d'ailleurs, accompagné de plusieurs de ses camarades. Un sourire rayonnant illumina le visage de Jeff. Un sourire qui, cependant, ne resta pas très longtemps. Croyant apercevoir du mouvement dans son rétroviseur, il leva les yeux et vit avec stupéfaction un cheval foncer droit sur les enfants. Ses yeux sortirent de leurs orbites lors d'un instant, avant qu'il ne bondisse de sa voiture sans trop réfléchir, afin d'aller essayer de barrer la route au cheval qui s'apprêtait à piétiner le groupe d'enfant, dont sa fille.

« Woow !! Tout doux le bestiau !! Ou sinon j'me fâch... »

Le cheval fou se stoppa tout juste devant Jeff, mais manqua presque de lui envoyer un sacré coup de sabot. Coup qu'il évita de justesse et même avec souplesse. Se surprenant lui-même de ce drôle de réflexe à la Matrix, il se laissa tomber sur les fesses, l'index toujours pointé en direction de la bête. Les enfants retournèrent en vitesse à l'intérieur de la bibliothèque, ce qui fut déjà une bonne chose. Fusillant le cheval du regard, Jeff arqua un sourcil. Il n'avait encore jamais croisé un animal aussi... enragé.

« Diantre ! Aurai-je enfin trouvé plus déjanté que moi ? »

Ironique bien sûr, car dans ce cas il s'agissait d'un animal et non d'une personne. Donc disons que ça ne compte pas vraiment... Bref. Il ne tenait surtout pas à mourir sans avoir pu boire ne serait-ce qu'une dernière tasse de thé. Durant un court instant, un étrange sourire se dessina sur les lèvres de l'homme qui se releva en vitesse, surtout par crainte que l'animal tente de l'écrabouiller à nouveau. D'ailleurs, le cheval resta étrangement face à Jeff, le fixant de ses yeux noirs, comme s'il s'apprêtait à le charger. Jeff recula à petit pas, avant de se retrouver coincé contre le pilier en bois se trouvant juste dans son dos. Au même moment, une jeune femme blonde débarqua de nulle part derrière le cheval, s'approchant vivement d'eux.

« A votre place je m'éloignerai de cette bestiole. Elle est complètement tarée et je ne tiens pas à finir en confiture de fraise, si vous voyez ce que je veux dire... »

Plus la demoiselle s'approchait, plus le cheval semblait devenir nerveux. Lui en voulait-il à lui particulièrement ? Ou à... elle ? Ou à personne en faite. Pourquoi fallait-il que ce genre d'évènement bizarre n'arrivent qu'à lui... Secouant la tête un instant, il ne savait pas s'il valait mieux s'éloigner de la bête ou tenter quelque chose pour la calmer au risque de ne plus être entier. Bon sang ! Pourquoi le fixait-il donc de cette façon ??

« Enfin après si vous avez la possibilité de m'aider, ça ne serait pas de refus non plus... car vous voyez, je ne suis ni dompteur, ni maréchal ferrant... »

Musique~

Vala lâcha un soupir de soulagement. Les enfants et leurs accompagnateurs n'étaient plus là. La jeune femme supposa qu'ils étaient partis s'enfermer quelque part. Tant mieux ! En plus Daemon lui tournait le dos, génial !... Mais pourquoi génial ? Comment pouvait-elle calmer la bête ? D'ailleurs… qu'est-ce qu'il fixait, ce cheval psychopathe ? La blonde s'approcha tout en allant légèrement sur la droite de l'animal, histoire de voir ce qu'il voyait. Son regard bleu glace croisé celui brun d'un homme coincé entre un pilier et la bête furieuse. La jeune femme se fit la réflexion que ce type était vraiment en mauvaise posture. La deuxième réflexion qu'elle se fit c'est qu'elle aimait bien son look. On aurait dit qu'il était tout droit sorti d'un film. Ce devait sans doute être une personne très excentrique. Un peu comme elle en fait.

- A votre place je m'éloignerai de cette bestiole. Elle est complètement tarée et je ne tiens pas à finir en confiture de fraise, si vous voyez ce que je veux dire…

La cheftaine d'entreprise se contenta d'un haussement de sourcil, tout en continuant de s'approcher. L'étalon semblait de plus en plus nerveux au fur et à mesure qu'elle s'approchait. Allait-il tenter de piétiner une personne dos au mur ? Vala plissa légèrement les yeux en regardant Daemon. Il avait été capable d'attendre qu'elle soit face à lui pour la charger et tenter de la tuer… alors il était tout à fait capable de tenter de tuer une personne inoffensive et dos au mur, oui. D'ailleurs l'inconnu, visiblement conscient du danger, ne semblait pas très rassuré. Mais ça ne l'empêchait pas de vouloir lui tenir le bavoir. A moins qu'il ne trouve la situation ironique ? Aucune idée.

- Enfin après si vous avez la possibilité de m'aider, ça ne serait pas de refus non plus… car vous voyez, je ne suis ni dompteur, ni maréchal ferrant…

Ce qu'il pouvait être bavard pour un type en danger de mort ! La femme eut un claquement de langue agacé. Et s'il se taisait pour la laisser réfléchir, hein ? Son claquement sembla agacer le cheval au pelage sombre, et celui-ci renâcla en tapa du sabot. Vala était maintenant totalement à droite de la bête. Elle regarda l'étalon puis l'homme… Son regard alla de l'homme au cheval, du cheval à l'homme… La blonde sortit un portable de la poche arrière de son pantalon. Avec lenteur, pour éviter de ton agacer l'animal. D'ailleurs celui-ci était vraiment très nerveux. C'était comme s'il allait exploser de colère au moindre geste brusque. Pourquoi cette bête était-elle si agressive ? Quelles épreuves avait-elle bien pu traverser pour devenir si nerveux et haineux ? Et, question encore plus importante… Pourquoi son majordome était le seul qui pouvait monter cette furie ?

- Je ne suis pas sûre que ce soit le moment d'avoir des envies de confiture, Charlotte, fit-elle pince-sans-rire en fixant Daemon.

Vala composa un numéro sans quitter l'animal des yeux. Celui-ci plaça sa tête de façon à pouvoir observer les deux humains. La blonde jeta un coup d'œil à l'écran de son téléphone, histoire de vérifier que le numéro était le bon. Bruit de sabot. Elle releva la tête et vit un étalon furieux lui foncer dessus.

- Encore ?! s'exclama-t-elle en se jetant sur le côté.

La jeune femme se vautra sans grâce par terre et, par la même occasion, échappa son portable. Allongée de tout son long sur le ventre, la blonde chercha du regard son portable. Ah, il était à un mètre à peine d'elle ! Pataclop, pataclop… Vala tourna la tête. Mince, Daemon revenait à la charge ! Se préoccupant peu du portable, elle se releva à toute vitesse et fila se cacher derrière l'angle d'un mur. La blonde resta collée le dos contre son mur et attendit que le cheval passe en trombe dans la rue pour faire demi-tour et récupérer son portable. Mais rien ne venait, par contre elle entendait toujours les claquements de sabots contre le béton. Eh bien, que faisait-il ?

Vala se pencha pour regarder derrière l'angle de son mur, ne laissant dépasser que sa tête blonde, et regarda ce qui était en train de se passer. Elle fit la grimace. Plutôt que de la poursuivre, Daemon avait décidé de s'en prendre à l'inconnu. Vite, vite, vite ! Un plan ! La femme eut une idée. Elle repéra l'endroit où se trouvait son portable. Ce dernier était bien trop proche du cheval à son gout. En allant le plus vite possible, la directrice de Wawel's Dragon chercha du regard quelque chose à lancer. Elle repéra un sac de bille. Sans doute un des gamins l'avait laissé tomber en s'enfuyant.

- Hey ! Le poney ! Tiens, prends ça ! Pouah, t'es même pas capable de me tuer, imbécile ! Tu vas regretter tout le restant de ta vie de m'avoir loupée !

La jeune femme sortit de sa cachette et en profita pour se saisir du sac. Elle l'ouvrit et balança des billes sur le cheval fou. Celui-ci piétina sur place, énervé. Il fit volte-face et lança un regard assassin à celle qui lui balançait des billes. La tête baissée, les oreilles en arrière, Daemon fit quelque pas vers elle. Vala avait toute son attention. Elle vérifia que l'inconnu et le portable étaient toujours intacts. Et c'était le cas. Ouf ! Sinon son plan aurait été foutu en l'air ! La blonde fit une grimace à l'étalon et commença à reculer en faisant de petits pas chassés.

- Charlotte, prends mon portable ! J'ai composé un numéro. Appelle-le et dis que Daemon est en ville. Dis aussi où nous sommes. Vite !

Elle recommença à jeter des billes sur le cheval. Trop c'est trop, Daemon chargea à nouveau, et Vala prit courageusement la fuite. Elle savait très bien que c'était un peu suicidaire de s'imaginer pouvoir échapper à un cheval en furie alors qu'on était à pied. Mais n'allait pas croire qu'elle était en danger pour autant ! La jeune femme se précipita vers l'endroit où elle avait garé sa moto, grimpa dessus à toute vitesse, tourna la clef et, VROUM!, elle démarra en trombe. Ainsi elle échappa à l'animal en furie. Et tant il cessa de la poursuivre, elle fit demi-tour pour aller l'asticoter. Comme ça l'inconnu aurait plein de temps pour appeler son majordome et le faire rappliquer.

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Même si ce n'était ni le bon moment, ni l'endroit pour le faire ou pour réagir de la sorte, Jefferson pris le temps d'observer un instant la jeune femme. Une façon comme une autre de garder son calme et de ne pas s'enfuir jusqu'en Chine les bras levés au ciel. Elle aussi avait un look assez particulier et plutôt unique en son genre... on va même aller jusqu'à dire, démoniaque. Et cela ne lui déplaisais pas tant que ça, bien au contraire, apparemment il n'est pas le seul à faire dans l'originalité par ici. Mais sa concentration se reporta à nouveau sur son interlocuteur, ou plutôt, sur le cheval fou qui lui faisait face depuis maintenant plusieurs bonnes secondes. Il le fixait, avec une drôle de lueur dans le regard. Dans le genre : -je vais t'écraser contre cette poutre, tu vas rien comprendre, l'humain...- . Même s'il n'avait pas le pouvoir de lire dans les pensées des animaux, rien qu'à l'idée de cette pensée il en écarquilla grand les yeux. C'est qu'il allait vraiment finir en confiture de fraise... enfin de sang dans ce cas précis. Non, il ne voulait pas que sa misérable vie se termine ainsi ! Tout ça pour rien... Et puis, sa fille a encore besoin de lui. Comment réagirait-elle si elle apprend que son père est mort piétiné par un cheval ? Bon sang ! Il aurait mieux fait de rester au lit toute la journée, s'il avait su qu'un grand dada s'en prendrait à lui...

- Je ne suis pas sûre que ce soit le moment d'avoir des envies de confiture, Charlotte.

Jefferson eut un petit mouvement de recul sous l'effet de la violence du "surnom" qu'elle venait de lui donner. Enfin, il espérait qu'elle ne s'adressait pas à lui, mais apparemment... oui. Une moue contrariée se figea sur son visage. Non seulement il avait horreur des surnoms, mais alors celui-là... on peut dire que c'était le pompom ! Il garda la bouche entrouverte un instant, d'autant plus quand le cheval fit brutalement demi tour sur lui-même avant de finalement s'en prendre à la blondinette. Se protégeant une nouvelle fois le visage de ses mains, Jeff poussa un cri assez étrange, puis rouvrit les yeux. Il était à présent hors de danger, mais ce n'était pas le cas de l'autre jeune femme qui avait plutôt intérêt à courir vite si elle ne voulait pas finir sous ses sabots. Durant un long moment, le Chapelier resta cloué à la poutre, comme s'il craignait qu'une autre bestiole du même genre débarque de nul part. Finalement, il refit usage de ses pieds pour avancer, mais tout en faisant très attention car le cheval n'était pas loin. Sur le moment, il songea à s'enfuir. C'est tout de même à cause d'elle que sa fille a failli être blessée... D'autant plus quand la bête le pris à nouveau pour cible...

« Oh ooh... »

Prenant ses jambes à son cou, il entama un sprint dans une direction au hasard. Heureusement, question endurance il ne se débrouillait pas trop mal. Mais serait-ce suffisant pour échapper à ce cheval qui se rapprochait à grand pas de lui. Sans trop chercher à comprendre, il fit une roulade sur le capot d'une voiture afin d’atterrir juste de l'autre côté. S'adossant en vitesse contre la portière, plus un bruit ne vint ensuite dans ses oreilles. Très lentement, il releva la tête et aperçu la blonde en train de provoquer courageusement le cheval. Le faisait-elle pour lui ? Non, sûrement pas... elle ne le connait même pas après tout ! Il n'empêche que cela l'embêtait tout de même de l'abandonner lâchement. Sa fille n'en serait certainement pas fière. Mais il ne voulait pas non plus risquer sa peau pour une inconnue sortie d'on ne sait où...

- Charlotte, prends mon portable ! J'ai composé un numéro. Appelle-le et dis que Daemon est en ville. Dis aussi où nous sommes. Vite !

Et c'est qu'elle recommence en plus de ça ! Jeff leva les yeux au ciel et étouffa un nom d'oiseau à son propos, puis chercha son téléphone des yeux. Il ne devait pas être très loin... enfin il l'espérait. Surveillant d'un œil ce qu'elle est en train de faire, il la vit enjamber sa moto et continuer d'occuper le dada. Décidément, cette blonde démoniaque est vraiment hors norme... Soudain, son regard croisa enfin celui du téléphone. Jeff l'attrapa vivement, puis se redressa avant de se cacher à nouveau derrière la voiture. Il observa l'écran du portable qui, heureusement, était resté indemne malgré le choc. Il composa le numéro, comme prévu, puis l'approcha de son oreille en espérant que quelqu'un réponde rapidement tout en surveillant ses arrières.

« Allô ??! ..... Oui bon écoutez je n'ai pas vraiment le temps de bavarder ni de me présenter, mais.... Rhaa je ne sais même pas comment elle s'appelle !! ... Bref, elle m'a dit de vous avertir que Daemon est en ville... prêt de la bibliothèque .... »

Croyant entendre le moteur de la moto ainsi que les sabots du cheval se rapprocher vivement de lui, Jeff s'abaissa manquant presque d'en lâcher maladroitement le portable. Il le rattrapa de justesse et repris un peu plus nerveusement.

« Bon écoutez ! Magnez-vous et vite !! J'ignore où vous avez pêché ce cheval, mais si on ne l'arrête pas maintenant on va tous finir en pur... »

Déboulant de nul part, l'animal sauta par dessus la voiture et atterri juste devant lui, frôlant et explosant le téléphone au passage. Jeff recula vivement avant de se rouler au sol. Le cheval manqua de le piétiner, mais par chance il réussi à se glisser juste à temps sous la voiture. On peut dire qu'il s'en ai fallu de peu. Pourvu que le message soit bien passé. Regardant partout autour de lui, il n'entendait plus la moto et ne trouva plus la jeune femme. Lui serait-il arrivé quelque chose de mal ? Une pression vint ensuite plaquer davantage Jeff contre le sol. Le cheval grimpa sur la voiture, certainement dans l'espoir de l'écrabouiller d'une toute autre façon. Il tenta de se dégager et de se débattre, mais se retrouva totalement coincé et à nouveau à la merci de l'animal.

« Argh !! ...Heey !! Quelqu'un pour me sortir de là ?? »

~ Musique ~

Le plan, visiblement, fonctionna à merveille. Bien en sécurité sur sa moto, Vala s'amusait à aller juste assez lentement pour que Daemon ne la perde pas de vue et juste assez vite pour qu'il ne puisse pas la rattraper. Vérifiant régulièrement la position de l'animal grâce à son rétroviseur, l'excentrique millionnaire se marrait bien. En fait, elle se fendait la poire comme un Joker ayant capturé un Batman. Une belle crise de fou rire qui allait très certainement lui refiler le hoquet et des douleurs abdominales. Pliée en deux, la blonde pleurait aux larmes. Pour elle, la comédie était enfin terminée. Le cheval la poursuivait bêtement et vainement – surtout vainement – son majordome n'allait pas tarder à venir et, au final, cette petite escapade aura été pleine d'adrénaline. Et quelle est la meilleure drogue sinon l'adrénaline ? La gotique se disait même que c'était à renouveler.

Puis soudain elle se rendit compte d'un truc : elle s'éloignait de la bibliothèque et son majordome n'allait pas savoir où chercher. Cette remarque n'arrangea rien à son fou rire. Vala tenta de ravaler ses rires... un peu en vain. Voyant flou à cause des larmes, la jeune femme fit le tour d'un bâtiment pour faire demi-tour sans pour autant passer sous le nez de Daemon – elle n'était pas folle à ce point ! Mais une fois son tour de bâtiment fini... plus de dada. Bah alors ? Où était-il passé ? Elle l'avait semé ?... Oups. Remarquant enfin qu'elle avait perdu l'animal au noir pelage, le fou rire de la blonde se calma quelque peu. Quelques hoquets de rire résistaient cependant. Maintenant à l'arrêt, elle cherchait partout l'étalon fou furieux mais ne vit rien. Ah ? La femme fit demi-tour, à la recherche de la bête. Non, rien. Continuant de revenir sur ses pas, la directrice de Wawel's Dragon retourna à la bibliothèque.

Ce fut une excellente idée, car elle y retrouva l'équidé en train de s'acharner sur un véhicule. Vala mit sa moto à l'arrêt sans éteindre le moteur. Perplexe, elle observa la scène en s'apprêtant à demander d'un ton ironique "Qu'est-ce qu'elle t'a fait cette voiture ? Elle t'a regardé de travers ? Son capo te revient pas ?" Mais un cri humain la coupa dans son élan. Les yeux ronds comme des soucoupes, la gotique blonde fixa la voiture qui appelait à l'aide. C'était quoi ce bazar ? Un mouvement attira son regard et la jeune femme baissa légèrement les yeux. Il y avait du mouvement sous la voiture malmenée. C'est alors qu'elle se rendit compte que ce véhicule et cette voix lui disaient quelque chose. Mais quoi ?... Mais oui ! C'était la voiture derrière laquelle l'inconnu c'était caché ! Oups ! En un grand bruit de moteur, Vala fonça alors vers la voiture dans la but d'effrayer – ou d'attirer ? – Daemon. Pff, elle allait devoir rembourser une voiture... Mais certainement pas payer la famille en deuil du type coincé sous le véhicule.

L'étalon lui sauta dessus alors qu'elle s'approchait. Mais il était complètement taré ! La blonde vit sa vie lui défiler devant les yeux. Elle poussa un cri semblable à une femme voyant une souris. En même temps, elle donner un coup de guidons pour tourner et... par réflexe, elle sauta hors de son engin. Vala roula par terre, se réceptionnant en premier sur la tête. Sonnée, elle ne vit pas Daemon atterrir sur sa précieuse moto puis se casser la figure. Le cheval au pelage noir jais se releva aussitôt en renâclant férocement. La jeune femme, elle, était trop sonnée pour se rendre compte du danger imminent et peinait à se relever. Bouh, elle avait mal partout ! Alors que l'étalon dirigeait son attention sur la millionnaire, une riche voiture noire débarqua tranquillement. L'animal s'immobilisa et fixa le véhicule d'un air furibond, l'air de dire "Je l'écrabouillerais et personne ne m'en empêchera !"

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Ce n'était pas la première fois de sa vie, que le Chapelier vivait une situation aussi étrange. Mais peut-être bien la première fois qu'il voyait un cheval pareil. Depuis quand les chevaux s'attaquent-ils ainsi à l'Homme ? Serait-ce la révolution des Équidés ? On aurait même presque dit qu'il était possédé. Quoi qu'il en soit, la mystérieuse blonde avait disparu de la surface de la rue et Jeff était à deux doigts de finir comme une crêpe sous une voiture. A vrai dire... il n'avait pas du tout à songer à mourir de cette façon. Lui qui a survécu à une décapitation faite par la Reine de Cœur, il ne survivrait pas aux sabots d'un cheval. Marmonnant tout et n'importe quoi entre ses lèvres, Jeff tenta tout de même de se dégager de sous la voiture et de ramper un peu plus loin. C'était pas gagné... Mais il lutta, à l'aide de ses bras et de ses doigts, prêt à arracher le bitume sous lui. Il voulait revoir sa fille, au moins une fois. C'était trop bête... Pourquoi fallait-il qu'il soit là, à ce moment précis, aujourd'hui ? Il n'avait vraiment pas de chance... Soudain, la moto était de retour et l'acharnement du cheval sur la voiture se calma soudainement. Ce dernier quitta même son appuie, permettant ainsi à Jeff de respirer un peu plus et de ne plus être collé face contre sol.

« Halleluja.... »

Soupira le chapelier, qui on peut le dire, a eu chaud. Cependant, hors de question de rester une seconde de plus à cette place. Il continua de ramper jusqu'à se dégager de sous la voiture. Ses jambes lui firent un peu mal, mais il réussi malgré tout à se redresser. Le cheval était reparti à la poursuite de la blonde... ou plutôt de la moto ? Les yeux exorbités, Jeff vit d'une part le cheval qui s'était cassé la figure sur la moto et l'inconnue un peu plus loin sur le sol. Que devait-il faire ? S'enfuir vers son chez lui et faire comme si de rien n'était ? Ou... Bah il avait tout de même une conscience. Sans attendre, il tenta d’accourir auprès d'elle, mais au même moment le cheval se redressa plus énervé que jamais. Mince... cela n'avait donc pas suffit à lui casser une patte !

« Flûte, flûte et... Re-flûte ! Quelle idée d'avoir une bestiole pareille.... »

Les dents serrés, le chapelier prit une bonne inspiration et sprinta jusqu'à elle. Il ne savait pas ce qu'il allait faire, ni comment, ni pourquoi. N'étant pas médecin, ni Superman. M'enfin... elle semblait plutôt mal en point et particulièrement sonné. Il n'y avait donc pas trente six milles solutions. Une fois auprès d'elle, il tenta d'abord de la raisonner un peu et s'assura qu'elle soit bien en vie. Inutile de s'enfuir avec un cadavre sur le dos...

« Mademoiselle !! Vous m'entendez ?? Hee ooh !! »

Il lui donna quelques petites tapes sur les joues, n'ayant pas de verre d'eau à portée de main. Il n'avait pas vraiment le temps d'être tendre en cet instant. A la force de ses bras, il tenta donc de la relever et de lui faire prendre appuie sur ses épaules. Au même moment, une autre voiture débarqua tranquille et se mit entre le cheval et eux. Au moins, cela eut pour effet de figer le cheval sur place. Mais pour combien de temps ? Arquant un sourcil, Jeff se doutait que ça devait être ce "fameux" majordome. Il était temps qu'il arrive celui-là... et il espérait que ce ne soit pas un octogénaire, tout juste capable de se tenir sur un déambulateur. Avec méfiance, il se rapprocha de la voiture et du bonhomme qui en sorti. Tout en gardant un œil vigilant sur la bestiole, qui allait certainement attaquer à nouveau, à tout moment.

« Dites moi que vous savez quoi faire contre ce bidule noir à quatre pattes ?! Parce que votre copine là, ne va pas bien du tout... »

~ Musique ~

Vala voyait trente-six chandelles. Son corps entier lui faisait mal, surtout la tête – sur laquelle elle avait atterri. Quelqu'un vint la secouer un peu et lui tapoter les joues sans douceur. La jeune femme ne reconnut pas la voix. Elle était tellement sonnée qu'elle entendit la voix de façon déformée. Elle faillit même ne pas comprendre ce qu'on lui disait. Elle crut que c'était son majordome. La vision flou, elle crut reconnaître la longue tignasse noire de son fidèle servitude. La milliardaire eut un sourire moqueur.

- Alors… On s'inquiète pour moi, chéri…? marmonna-t-elle comme une personne qu'on tente de réveiller et qui est encore dans son rêve.

Le ténébreux l'aida à se relever en lui faisant prendre appuie sur son épaule. Il sentait le thé. Ah. Ce n'était pas son majordome alors. Toujours un peu sonnée, ses sens de plus en plus clair, Vala se pencha vers le cou de son porteur en s'affalant presque dessus. Trop occupée à le renifler, elle ne fit pas gaffe à la voiture qui venait de débarquer et à l'homme qui en sortait. Son majordome. Un ténébreux aux cheveux longs et à l'air maléfique. Le genre de type qui est à la fois discret et terrifiant. Un personnage de filme d'horreur. Enfin, le tueur en série d'un film d'horreur plus précisément. Voilà à quoi ressemblait son majordome.

- Tu sens le thé... marmonna la milliardaire en chancelant, toujours à moitié sonnée.

Le majordome leur lança un regard indéchiffrable puis se tourna vers l'étalon. L'homme tendit la main devant lui comme pour dire "stop" et l'animal vint docilement frotter ses naseaux contre la paume. Le ténébreux tapota l'encolure de la bête tout en lui parlant tout bas. Pendant ce temps, Vala était toujours à moitié en train de délirer. Une bosse titanesque pointait le bout de son nez sous sa tignasse blonde mais sa vision n'était désormais plus du tout flou et elle entendait de nouveau normalement. La gothique fixait le visage de "Charlotte" avec un air sérieux à la Jack Sparrow.

- … T'sais que t'es encore plus mignon vu de près ?

Court silence tandis qu'elle continuait de le regarder d'un air à la fois sérieux et étrange.

- J't'assures ! fit-elle en faisant les gros yeux.

Puis la milliardaire se tourna vers la voiture et son regard se posa naturellement sur son majordome. L'étalon se coucha, l'homme s'assit sur son dos et la bête se leva. Vala afficha son plus grand sourire niais, espérant avoir l'air suffisamment innocente pour que son majordome ne la soupçonne pas d'avoir voulu faire quoi que ce soit avec la bête au pelage noir. Le ténébreux la regarda d'un air désabusé. La blonde sut aussitôt qu'elle n'avait pas l'air convaincante et pinça les lèvres d'un air suppliant. Le majordome mit son animal de profil face au duo éclopé et lança les clefs de la voiture en direction du chapelier.

- Allez à l'hôpital vous soigner puis venez au manoir Bane.

- À ne pas confondre avec le manoir Wayne... pouffa tout bas l'excentrique milliardaire.

- N'abimez pas la voiture.

Sur ces mots, le cavalier s'en alla. L'étalon renâcla en direction des deux riches l'air de dire "la prochaine fois j'vous ferais la peau" puis obéit docilement à son cavalier comme s'il n'était pas une espèce de cheval fou mais le plus doux et obéissant des équidés. Vala les regarda s'éloigner la bête et son majordome avec un visage impassible, comme si elle était plongée dans ses pensées. Une fois que l'homme et le cheval eurent disparus au coin de la rue, la jeune femme fit la moue. Un jour il faudrait que son majordome lui explique comment il faisait pour se faire obéir si facilement de Daemon. Mais bon, passons. Un bras toujours passé autours des épaules de l'inconnu, l'ex-semi-dragonne tendit l'autre main à son porteur.

- Bonjour, je suis Vala Bane, propriétaire de l'industrie "Wawel's Dragon".

Elle serra la main du brun – qu'il le veuille ou non – puis chercha sa moto du regard. Elle était dans un sale état. Tout comme la voiture sur laquelle Deamon avait grimpé. Vala poussa un soupire en gémissant légèrement. Un gémissement de dépit. Dire qu'elle allait devoir repayer tout ça. C'était... désespérant. En plus ça la déprimait d'avance de devoir donner de l'argent à quelqu'un. La milliardaire était très radine... Mais bon, elle devait bien assumer les conséquences de ses actes, non ? … Quelle plaie !

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La tempête est-elle enfin terminée ? Avec l'arrivée du majordome, tout changea. Il suffit pour lui de simplement lever la main pour que le cheval se calme subitement et obéisse sagement à ses ordres. Quand à l'étrange demoiselle, elle se tenait toujours appuyé contre le chapelier, un bras autour de son cou, mais consciente. Chacune de ses remarques, avait pour effet de faire naître d'étranges grimaces sur le visage de Jeff. Comment ça il sentait le thé ? Devait-il mal le prendre ou au contraire considérer cela comme un compliment ? Il penchait plus pour la dernière option, mais sait-on jamais... Jeff tenta de se rester concentrer sur les faits et gestes du majordome, qui sans un mot, réussit donc à apaiser la bestiole. Et pas n'importe laquelle tout de même... Celle qui avait manqué, quelques minutes auparavant, de foncer sur un groupe d'enfants, de tuer une blondinette et d'écrabouiller un chapelier. Et il suffit que lui, lève la main, pour que ce démon se calme. Jeff ne cacha pas sa surprise, ni son exaspération. Puis il se sentit intensément observé. Rabaissant légèrement son regard et sa tête, son regard se perdit sur la jeune demoiselle qui le complimenta à présent sur son physique. Enfin, sa belle gueule. Elle était vraiment étrange... mais cela l'amusa et le flatta tout de même. Il finit par lui sourire légèrement. Elle aussi n'était vraiment pas trop mal vu d'ici. Une fois encore, le majordome réussit à attirer son attention en grimpant comme un prince sur le dos du cheval démoniaque.

« Sérieusement......? »

Ronchonna Jeff entre ses dents, ne comprenant vraiment pas ce qu'il y a avec cette bestiole. Vala et lui seraient-ils ses têtes de turque ? Pourtant, celle du majordome n'est pas des plus amicale. Bien au contraire, on dirait un cousin de Dracula. D'ailleurs ce dernier les "conseilla" d'aller faire un tour à l'hôpital avant de rentrer au manoir Bane, lançant ses clés de voiture au chapelier qui les rattrapa de justesse. La belle blonde ne put s'empêcher, tel est sa nature il semblerait, de lancer une petite blague que Jeff ne comprit pas vraiment. Pour ne pas dire, pas du tout. Et c'est suite à ses belles paroles que le majordome partit dans une toute autre direction à dos de ce... cheval. Sans même offrir la possibilité au chapelier de répliquer. C'était vraiment sa journée. Il devait s'occuper d'elle maintenant, c'est ça ? Seuls tous les deux, la blondinette lui tendit une de ses mains avant de se présent sous le nom de Vala Bane, propriétaire de l'industrie "Wawel's Dragon". Jeff eut tout juste le temps d'hausser un sourcil avant qu'elle ne vienne elle-même attraper sa main et le lui serrer.

« Euh... eh bien, enchanté mademoiselle Bane ! Pour ma part,
ce sera Jefferson. »

Il serra sa main durant quelques instant, avant d'observer les dégâts des lieux tout comme elle le fit. La voiture sous laquelle il s'était trouvé quelques minutes auparavant était en effet dans un sale état. Jeff ne comprit d'ailleurs qu'en cet instant que cette voiture n'était autre que la sienne. Il grimaça, avant de reporter son regard azuré sur Vala qui semblait... dépité. Oui, c'est le mot. Il n'est pas difficile de comprendre qu'elle n'avait pas très envie de rembourser son propriétaire. Ou alors avait-elle mal au coeur pour le véhicule ?

« Ne t'en fais pas pour la voiture... J'avais l'intention de changer de toute façon. »

Haussant les épaules, il sourit chaleureusement à la charmante blondinette. Lui aussi était riche et c'était au moins la bonne excuse pour prendre du neuf. Au pire, il a toujours son chapeau pour voyager. Poussant un soupire, il se rappela de l'autre voiture qui les attendait et qu'il n'avait plutôt pas intérêt d'abimer.

« Ca ne m'enchante pas trop, mais l'hôpital nous attend. »

Il invita gracieusement la jeune femme à rentrer à l'intérieur avant de se mettre au volant et de démarrer le moteur. L'hôpital n'était pas très loin. Il n'a jamais ce genre d'endroit, même s'il n'a rien contre le Dr Whale, mais disons qu'il s'y rend uniquement pour Vala. Considérant ses blessures à lui, particulièrement légères, voir même inexistantes.

~ Musique ~

HJ :
L'homme qui sentait le thé semblait aussi dépité par le majordome de la blonde que celle-ci face aux dégâts causés par sa bête. Ledit homme se présenta comme étant "Jefferson"... Était-ce son nom ou son prénom ? C'était pas réglo comme affaire. Après tout elle lui avait donné son nom et son prénom, pourquoi il n'en faisait pas autant ? Quel mauvais sens des affaires, tss... Et pourquoi "Mademoiselle" ? Paraissait-elle donc si peu en âge d'être mariée ? Ou alors... il voulait qu'elle ne soit pas mariée ? Ou alors... Vala regarda ses doigts. Moui... c'était ça ou bien il était observateur et avait remarqué qu'elle ne portait pas de bague à ses deux "quatrième doigts". M'enfin, bref. Gentiment, Jefferson lui fit comprendre qu'il ne souhaitait pas être remboursé. La jeune femme eut un sourire semblable à une personne à qui on vient de sauver la vie.

- Merci, chéri, t'es un véritable gentleman...! fit-elle en répondant à son sourire par un sourire.

Bien évidemment le "chéri" n'était pas à prendre au pied de la lettre. Il lui arrivait assez souvent, comme vous l'aurez sans doute remarqué, de donner de petits surnoms aux gens. Et lorsqu'elle n'état pas fixée ou qu'elle souhaitait taquiner, Vala appelait les gens "chéri'. Mais uniquement si elle appréciait ou souhaitait se faire apprécier par le "chéri". Et là, elle appréciait énormément que Jefferson ne lui fasse pas rembourser sa voiture. D'ailleurs, quel surnom pourrait-elle lui donner ? Pour son majordome c'était "Cavalier", parce qu'il était le seul à pouvoir monter Daemon. Pour Daemon c'était... toute un panel de surnoms correspondant fort bien à la bête ("sale bourrique", "démon noir", "étal-con" etc.)

- Ça ne m'enchante pas trop, mais l'hôpital nous attend, fit le ténébreux après un soupire.

La voix de Jefferson sortit la milliardaire de ses pensées. L'hôpital ? Mh ! Ah ! Oui ! Bonne idée, tiens, elle avait atrocement mal à la tête. Et le shérif arrivait. *Vite ! Fuyons !* pensa-t-elle très fort en allant s'installer sur le siège passager. Monsieur Je-sens-le-thé démarra et la voiture partit vers une direction qui était inconnue à la blondinette. La jeune femme n'attacha pas sa ceinture. Un poil désinvolte dans son attitude, Vala était vautrée sur son siège, des pieds posés au dessus de la boîte-à-gant. Aussitôt elle fouilla ses poches à la recherche de son portable puis se souvins enfin qu'elle l'avait prêté au conducteur. Reprenant une position plus conventionnelle sur son siège, la blonde se tourna vers Jefferson.

- Tu peux me rendre mon portable ? demanda-t-elle en ne s'imaginant pas un instant qu'on lui répondrait "non".

La gothique blonde tendait la main comme un mendiant faisant l’aumône, persuadée que Jefferson avait son portable et que celui-ci était en bon état. Sinon, pourquoi son majordome serait venu ? Enfin bref, très vite elle allait récupérer son portable – pensait-elle – et ainsi pouvoir appeler ses gardes du corps, les mêmes à qui elle avait gentiment faussé compagnie pour faire des bêtises avec Daemon, ainsi que demander à son majordome d'aller récupérer sa moto. Bien évidemment, la milliardaire se doutait qu'il avait pensé à tout mais on était jamais assez prudent, n'est-ce pas ? Vala était presque sûre que ses gardes du corps l'attendraient à l’hôpital et que quelqu'un était déjà parti chercher sa moto... et son casque. Ce que la jeune femme cabossait ne savait pas en posant cette question, c'était que les personnes envoyées par son majordome allaient aussi devoir récupérer son portable en miette... Encore un truc à racheter.

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A peine le riche chapelier fit comprendre à sa demoiselle en détresse qu'il n'avait nul besoin qu'elle lui rembourse la voiture, celle-ci lui sembla aussitôt plus reconnaissante pour cela que du fait qu'il lui ai sauvé la vie. Mais il n'y prêta pas plus attention, car maintenant il devait se préoccuper de la santé de la blondinette. Même si aller à l'hôpital ne l'enchanter pas des moindres, mais ce serait bête qu'elle meurt d'une hémoragie interne et que son majordome vienne se venger à dos de ce maudit cheval. Sait-on jamais... Oui, Jeff mise beaucoup sur son imagination plus que débordante. Autrefois, il lui arrivait que trop souvent de passer outre cela ainsi que son instinct et la plupart du temps il le regrettait amèrement. Jusqu'au point d'en avoir perdu sa fille. Aujourd'hui, il n'a plus l'intention de reproduire les même erreurs. Une fois dans la voiture, la jeune femme pris aussitôt ses aises, positionnant ses pieds sur le tableau de bord. Le ténébreux observa la posture de Vala d'un oeil quelque peu blasé. Très à cheval sur la politesse et les bonnes manières, il n'a jamais trop supporté ce genre de comportement. M'enfin, là, tout de suite, il n'avait pas envie de se prendre le chou ni de faire son éducation. Après tout, ce n'est pas sa voiture. Mais cela ne lui donnait pas envie de l'inviter à boire le thé, chez lui. Il tenta donc de rester concentrer sur la route, quand la blondinette lui tendit une main, réclamant son portable. Son portable... Son portable ! Jeff écarquilla les yeux un instant. Bon sang... parlait-elle bien de celui dont il s'est servit pour appeler son majordome et qui a fini sous les sabots du cheval...?

« Je crains, hélas, être dans l'impossibilité de te le rendre... »

Une petite courbette histoire d'essayer d'arrondir les angles... même si selon lui, son portable n'est vraiment pas une priorité ni un signe de fin du monde. Elle est milliardaire après tout non ? Un portable, ça se remplace... Lui a bien faillit finir en fauteuil roulant alors qu'il n'avait rien demandé à la base.

« J'y suis pour rien, c'est ton cheval !! »

Oui, il sentait le regard de la charmante blonde le transperçait et il ne méritait pas de recevoir ses foudres. Si son majordome est venu à temps les sauver, c'est tout de même en parti grace à lui. Non ? Enfin, Jeff aperçu l'hôpital à l'angle de la rue et chercha la place la plus proche pour se garer. Une fois la voiture à l'arrêt, il alla ouvrir la porte de la jeune femme tel un vrai gentleman. Non pas pour faire du zèle ni se faire pardonner, mais parce que c'était dans ses manières et qu'il avait bien envie d'être galant avec elle. Il l'accompagna à l'intérieur avant que le docteur Whale ne la prenne en charge. Il attendit plusieurs minutes en salle d'attente, repassant en boucle dans sa tête ce qu'il venait de se passer et ayant hâte de retrouver sa fille ce soir pour tout lui raconter. Le docteur vint le sortir de ses pensées. Il se redressa et alla retrouver Vala dans la chambre après avoir reçu la permission de Mr Frankenstein. Peut-être serait-elle surprise de voir qu'il n'est pas parti et qu'il a patienter pour elle, ou pas. Dans tous les cas, il l'a fait parce qu'il en ressentait l'envie. Il toqua doucement à la porte avant d'entrée.

« Comment va la cascadeuse ? Tu vas survivre ? »

Un petit sourire naquis aux coins de ses lèvres. Il est vrai qu'elle avait été impressionnante sur sa moto tout à l'heure et aurait bien pu terminé plus disloqué que cela. Se rapprochant d'elle, il la regarda un instant un peu plus sérieusement.

« Merci, de m'avoir sauvé. Bon même si c'est un peu ta faute si j'en suis arrivé là, mais... On peut dire que je m'en souviendrai. »

Vala fit une tête de trois kilomètres de long en apprenant que son portable avait été réduit en bouillie par cette calamité ambulante qu'était Daemon. Elle s'affaissa contre le dossier de son siège et regarda la route comme si elle y voyait l'apocalypse. La douleur qui pulsait sous son crâne n'arrangeait en rien la situation. On aurait pu croire qu'elle allait à ses mettre à crier "Noooonnnn" puis pleurer toutes les larmes de son corps. Mais la milliardaire à la blonde chevelure se reprit et, comme souvent, son regard s'emplit de haine.

- Il va me le payer cher ce sale fumier, grrmmhgrmhgrmhghm...

La gothique croisa les bras et bouda pendant tout le reste du trajet. Une fois à l'hôpital, elle fut prise en charge par de médiocres infirmières et le tout aussi médiocre Docteur Whale. Très vite, la blondinette comprit qu'il était en train de la draguer. Elle, une milliardaire et unique héritière de la famille Bane ! Non, mais ! Déjà agacée par le fait de devoir se racheter un portable – elle allait devoir payer , vous vous rendez compte? – le comportement du docteur fut la cerise sur le gâteau. L'excentrique devint hystérique. Toutes les personnes présentes – exceptés ses gardes du corps – se firent copieusement insulter et elle rendit le travaille du personnel très difficile en ne cessant de gesticuler et de les contre dire.

Finalement, après bien une heure de combat, le docteur lui diagnostiqua une grosse bosse – soit disant qu'elle était passée à deux doigts de la commotion cérébrale – et souhaitait la garder une journée dans cet hôpital moisi. Et puis quoi encore ? *C'est pas demain la veille qu'on me dira ce que je dois faire et quand ! Je suis un chef, pas un sous-fifre, non mais !* Pas suicidaire pour autant, Vala garda tout de même ses pansements et ses bandages. Par contre, une fois qu'elle fut seule – enfin... presque, elle avait trois gardes du corps avec elle – la jeune femme décida de prendre son destin en main et de se faire la malle. Cependant, la main sur la poignée, la blondinette faisait la tête du "quelque chose ne va pas".

- La porte ?... Pas moi.

Elle se tourna vers... eh bien, vers l'opposé de la porte pour étudier la salle du regard. La gothique aux cheveux blonds ne fit pas gaffe aux regards inquiets et angoissés qu'échangèrent ses gardes du corps. Ils craignaient le pire. Et ils avaient raison. Son regard venait de se poser sur la fenêtre. Elle se précipita vers ladite fenêtre et l'ouvrit. Au même moment, la porte s'ouvrit.

- Comment va la cascadeuse ? Tu vas survivre ?

Vala sursauta et se retourna vivement. Elle regarda Jefferson avec une expression figée. Qu'est-ce qu'il faisait ici, lui ? Et c'était quoi cette question bizarre ? L’excentrique milliardaire tourna la tête vers l'un de ses gardes du corps.

- J'ai l'air mourante ?

Le garde du corps secoua négativement la tête en pensant très fort "Hélas..." Le ténébreux, qui était passé à deux doigts – lui aussi – de se faire réduire en miette par un cheval enragé, s'approcha de la jeune femme avec un air sérieux. La gothique blonde haussa un sourcil. Quoi ? Il allait lui annoncer une mort ?

- Merci, de m'avoir sauvé. Bon même si c'est un peu ta faute si j'en suis arrivé là, mais... On peut dire que je m'en souviendrai.

La milliardaire haussa les épaules avec un faux airs de modestie.

- Oh mais de rien. J'aime bien marquer les esprits, j'avoue que c'est ma spécialité ! … Bon, aller, je sors. Salut !

Et, avant que quiconque dans l'assemblée ait pu dire "Thé", la blondinette sortit par la fenêtre. Ses gardes du corps se précipitèrent à sa suite, à la fois blasés et agacés.

- Des fois j'ai l'impression de protéger un échappé d'asile... grommela l'un d'eux.

- T'es pas le seul... fit un deuxième d'un air blasé.

Le troisième se contenta d'un petit soupire. Une fois les trois gaillards dans la rue, le troisième partit d'un rire las.

- Au moins on ne s'ennuie pas !

Vala ne les écoutait pas. Au milieu de la rue, indifférente à ce qui se passait autours, elle se demandait par où il fallait prendre pour rentrer au manoir. De nouveau à ses côtés, un devant, deux derrières, les "men in black" étaient de nouveau silencieux et surveillaient les alentours. Surveiller la patronne de Wawel's Dragon n'était pas une mince affaire. Surtout quand celle-ci se tenait au milieu de la route et qu'il leur était strictement interdit de lui adresser la parole et encore plus de lui donner des ordres. Ce qui n'était pas le cas ici. Pas une voiture en vue. Tant mieux ou tant pis ? La blondinette finit enfin par quitter la route. Pour retourner vers la fenêtre de sa chambre d'hôpital.

- Monsieur Thé ! On peut aller chez toi ? Je ne suis jamais allée chez quelqu'un d'autre que... ben, que chez moi, et du ne semble pas être un mendiant, donc je veux bien voir à quoi ressemble ta maison !

La jeune femme offrit un immense sourire à Jefferson. Comme pour le portable, elle ne s'attendait pas à un "non" là encore. Elle était persuadée qu'il accepterait et qu'elle allait découvrir un nouveau bâtiment. Après l'hôpital, celui de l'inconnu qui n'a pas le sens des affaires !

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Si elle avait l'air mourante ? Positionné comme cela non loin de la fenêtre et au vu de la vivacité de la réponse, on pouvait parier que non. Le chapelier haussa un sourcil, ne comprenant pas vraiment ce qu'elle essayait de faire avec cette fenêtre. Hormis s'enfuir, peut-être, mais pourquoi faire ? Bon d'accord, personne n'aime faire la potiche à l'hôpital, mais parfois il valait mieux y rester tout de même. Surtout elle, qui semble ne pas être très... stable tant physiquement que psychologiquement. Aurait-il enfin trouvé quelqu'un d'un peu plus désiquilibré que lui ? Ce serait trop beau pour être vrai... Cela ne fait que quelques minutes qu'il la connait et pourtant, il a comme l'impression de la cerner sur pas mal de recoins. Leurs névroses vont peut-être leur permettre de bien s'entendre ? Qui sait... Comme on dit, les grands esprits se rencontrent. Bref, le regard de Jeff se détourna ensuite en direction des gardes du corps qui semblaient à la fois amusé, blasé et lassé du comportement de leur "patronne". Ce qui peut parfaitement se comprendre. Lui au moins, a toujours eu la bonne idée de n'engager personne pour le servir. Sachant à quel point il est difficile à suivre...

Pour ce qui est d'avoir marqué les esprits, on peut dire qu'elle n'a pas râté son coup. Involontairement en plus de ça... Qu'est-ce que ça doit être quand ça l'est ? Suite à cela, il n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche pour rétorquer, qu'elle s'échappa de sa chambre par la fenêtre. Haussant les deux sourcils, Jeff resta planté au milieu de la pièce, encore une fois... dépassé par les évènements. A ce rythme là, il va véritablement être convaincu qu'elle est plus folle que lui. Ne sachant pas trop quoi faire, il tourna un instant dans la pièce. Devait-il la suivre ? Mais pourquoi faire... Il valait mieux peut-être qu'il rentre tranquillement chez lui, se boire un bon thé histoire de se remettre de toutes ses émotions. Elle est assez grande après tout... Mais à peine le pas de la porte dépassé, qu'il tomba nez à nez face au docteur Whale. Il valait peut-être mieux pas qu'il découvre tout de suite que sa patiente s'est échappé, au risque de lui mettre ça sur le dos. Subtilement et doté d'un petit air angélique sur le visage (peu convainquant), il bloqué le passage au docteur.

« Tiens Frank... Docteur Whale. Je vous déconseilles de rentrer maintenant, Mlle Bane n'est vraiment pas... dans son assiette. Heureusement qu'il y a des toilettes dans cette chambre, sinon je n'ose même pas imaginer l'état de la chambre... »

Le regard de Whale était toujours braqué sur Jeff, d'un air presque méfiant. Heureusement qu'il jouait parfaitement bien la comédie, comme toujours. Même si c'était quelque peu exagéré, mais parfois ça peut s'avérer particulièrement efficace.

« Je vous aurez bien conseillé de revenir plus tard, mais si vous tenez à vous faire tirer les oreilles et à faire parti de sa liste noire... C'est votre choix. »

Le chapelier n'étant pas dupe et se doutait bien que, comme souvent, le docteur avait sûrement tenté de séduire sa patiente. Celle-ci étant loin d'être repoussante... Finalement convaincu, le médecin rebroussa chemin. Entendant à nouveau du bruit à l'intérieur de la chambre, il entra puis retomba nez à nez avec la blonde. Mais qu'est-ce qu'elle fabrique au juste ??

« Serais-tu folle ? »

Depuis quand c'est lui qui pose ce genre de question ? Bon au moins ça changeait un peu. Et voilà qu'à présent elle désire se rendre chez lui. Sûrement parce qu'elle n'a pas d'autres choix... Il avait bien envie de lui dire non, craignant qu'elle ne fasse du mal à son manoir chéri, à son intérieur ou pire... à son service à thé. Mais il savait que de toute manière, elle le suivrait et s'inviterait quand même chez lui. Les circonstances seraient donc peut-être bien pire. Il se frotta le menton un instant, pensant surtout à son thé qui l'attendait à la maison et qu'il désire tant boire depuis des heures maintenant...

« Hummm.... D'accord. »

Il laissa la jeune demoiselle se débrouiller avec ses affaires, avant de prendre la porte et de la laisser le suivre. Cette fois, les choses se passeraient sur son territoire et à son rythme. Qu'elle boude, ou non. En quelques minutes seulement, ils arrivèrent à son grand manoir. N'oubliant pas ses bonnes manières, Jeff lui ouvrit la porte et la laissa entrer en premier. Puis il referma derrière elle et se dirigea sans plus attendre en direction de sa cuisine. Le manoir était doté de plusieurs étages, d'un grand jardin et de nombreuses pièces. Joliment décoré, mais dans un style qui n'appartient qu'à lui.

« Bienvenue dans mon humble demeure. Mais rends moi service veux-tu ? Ne touches à rien. »

De nouveau plantée dans sa chambre d'hôpital, la jeune femme à la tête couverte de bandage comme une semi-momie fixait Jefferson avec un air à la fois innocent et... comment dire ? Fou ? Non... Malicieux ? Pas tout à fait non plus... Excentrique ? Presque ça... Enfin, vous voyez le genre quoi. La question de Monsieur Thé lui fit froncer les sourcils. Elle ? Folle ? Mais pas le moins du monde ! C'était les autres qui étaient fous ! Elle, elle n'était qu'excentrique ! La blonde croisa les bras et fit la moue, vexée.

- Chuis pas folle... Chuis juste excentrique et sadique... marmonna-t-elle telle une enfant qu'on viendrait de punir.

Son boudin permit à l'homme de réfléchir à la question. Savoir s'il allait, ou non, accepter cette excentrique chez lui. Et vous savez quoi ? Bonne nouvelle ! Le ténébreux accepta de l'accueillir chez lui ! Décidément, aujourd'hui c'était la journée découverte ! La milliardaire se sentait comme lorsqu'elle découvrait de nouvelles régions sur un jeu vidéo particulièrement palpitant. D'abord la ville de Storybrook, puis son hôpital rempli d'incompétents, et enfin la maison d'un beau gosse sentant le thé ! Le tout, en mode semi-momie ! Wouhou ! Un immense sourire enfantin aux lèvres, Vala leva les bras en l'air.

- Ouais ! Chic ! On va bien s'amuser ! Wouhou ! En avant !

Ses affaires étaient déjà prêtes, et c'était ses gardes du corps qui portaient le tout. La gothique aux cheveux blonds vérifia une énième fois, telle la paranoïaque qu'elle était, qu'il y avait tout et chaparda même deux-trois trucs qui appartenaient à l'hôpital.

- En souvenir...! se crut-elle obligée de justifier devant le regard perplexe de ses gardes du corps.

Enfin prête, la blondinette rejoignit le brun. Il se comportait tel un véritable gentleman envers elle. Vala se sentait comme une princesse avec un prince. Une princesse maladroite qui ne savait pas quoi faire de cette galanterie. Elle n'était pas habituée. D'habitude la jeune femme rencontrait l'agacement, la perversité, la terreur, voire même la haine. Et ça lui allait très bien. Ça lui servait de bonne excuse pour maltraiter les autres, car ils la maltraitaient aussi. Même ses propres gardes du corps éprouvaient bien souvent du dégout envers cette inconsciente qui les forçait à travailler pour elle. Une inconsciente qui pouvait aisément transformer leur vie en enfer si elle le souhaitait, d'où leur obéissante. Oui, tout comme dans sa vie à Fairytale, la blonde utilisait son pouvoir pour semer terreur et désolation. Mais ici à Storybrook, et ayant tout oublié de sa vie antérieure à la malédiction, elle ne pouvait haïr les humains comme elle les haïssait lorsqu'elle était hybride. Persuadée que tout le monde était humain, Vala était obligée de leur laisser le bénéfice du doute. Sans ça, la jeune femme aurait immédiatement haït Jefferson et leur peut-être amitié naissante n'aurait jamais vu le jour...